Il est de ces bonnes surprises auxquelles il est
parfois difficile de s'attendre. Il est de ces moments où le chaos se propage
intelligemment devant nos yeux ébahis. Il est 'Bowling for Columbine'.
Michael Moore (déjà responsable des engagés 'Roger et moi'
et 'The Big One') est un reporter à l'allure bonhomme. L'américain
extérieurement moyen : un peu gros ; jeans ; basket ; casquette ; démarche
pachydermique. En gros
le personnage du vendeur de comics dans 'Les Simpsons'
Intérieurement? C'est un alien ayant un regard sur son pays, sa culture,
qui fait preuve d'une telle lucidité et d'un tel recul, qu'il est difficile
de croire qu'il n'ait pas encore été arrêté pour délit
de clairvoyance. 'Bowling for Columbine' est un reportage hallucinant
sur le problème du contrôle ou plutôt le non-contrôle
des armes, et des morts par balle aux Etats-Unis (environs 11.000 tués
chaque année contre une moyenne de 300 pour un pays comme la France), Se
basant entre autres sur les tragiques événements du Lycée
de Columbine en 1999 (2 lycéens ont canardé à tout va dans
leur établissement faisant 13 morts, avant de se suicider), 'Bowling for
Columbine' se décompose en deux partie : le constat (Putain !!!) et l'interrogation
(Pourquoi ???). Ceci n'a par définition rien de bien alléchant.
Et pourtant... Comment vous dire, sans tomber dans les éternels 'génial,
grandiose, incroyable, indicible, indescriptible, inimaginable, fantastique, merveilleux,
mémorable...'. C'est bien simple : ce reportage devrait être obligatoire,
d'utilité publique tant il laisse son spectateur médusé et/ou
songeur et/ou médidatif lorsque les lumières se rallument. Certes,
on peut reprocher à Michael Moore ce qu'il reproche à la télévision,
car nous sommes bel et bien manipulés pendant 2 heures par des images et
des sons qui défilent trop vite devant nos yeux pour que nous puissions
les contester... mais quelle démonstration : Michael Moore épluche
la société américaine comme il le ferait d'un oignon, couche
par couche, pour ne faire plus apparaître à la fin que l'unique motivation
de tout ce plomb et du sang qui en découle (sans jeu de mots).
En quelques
questions bien posées, Michael Moore détruit le modèle américain
(la première puissance démocratique à ce qu'on dit
)
et révèle le vrai visage de l'Amérique, à l'image
de l'interview finale de Charlton Heston, président de la NRA (association
du lobby des armes aux Etats-Unis), où Moise retire le masque pour faire
apparaître le visage de l'ange de la mort. A ce titre, un visionnage de
la fin de 'La planète des singes' de Franklin J. Schaffner s'impose pour
souligner l'incroyable ironie de la chose
Larmes,
incompréhensions, haine, réflexions. 'Bowling for Columbine' nous
"extripes" (extirper + tripes) tant de sentiments confus et contradictoires
qu'une seconde vision est nécessaire pour parvenir à l'appréhender
entièrement et moins passionnellement (si je peux me permettre cette barbarie
du langage). Les inévitables références. Et bien disons que
si notre Hollandais violent préféré, Paul Verhoeven, était
né américain et n'avait pas eu de budget pour ses effets spéciaux,
'Starship Troopers' est ce qui pourrait le mieux se rapprocher de 'Bowling for
Columbine'. Do you want to know more? Ok allons-y pour un tir de Tech-9 (9mm)
semi automatique : South Park, Columbine, Oklahoma City, Pinochet, 11 septembre...
GO! GO! GO! Très bien documenté, agrémenté d'excellentes
interviews (les propos percutants de Matt 'Southpark' Stone et incroyablement
lucides de Marilyn Manson), le tout monté d'une main de maître sur
une musique 'morceau choisis' (rappelant de bien belle façon le générique
de fin de 'Docteur Folamour' de Stanley Kubrick), le documentaire du gros Moore
vous marque de façon indélébile. En
somme, 'Bowling for Columbine est un missile de construction* massive, agrémenté
d'une pointe d'humour délicieusement absurde (Vous avez dit Simpsons ?
Futurama ?), et chacun de nous doit être capable d'en tirer des leçons,
et d'y poser ses propres réflexions. Ne pas s'arrêter à "Oh
no!, they Kill Kenny, U.S bastard !"... Oh non! Profitons de ce regard sous
un autre angle pour se pencher sur le cas français (en inter changeant
le terme "noirs" du documentaire par "arabes" par exemple
)
mais ceci est un autre débat, sur le
forum peut-être? *intellectuelle |