O est le
surnom du meilleur assassin indépendant de tout le sud-est asiatique. Japonais,
irréel, plus proche d'une apparition que d'un être humain, O semble
d'un détachement par rapport à ce qui l'entoure assez époustouflant,
même s'il avoue dans la première phrase du film que le plus difficile
est d'effacer le souvenir ; " My clients believe the best way to remove someone
from the world is to kill him.Killing is easy. It's harder to put the memory behind
you. I am O. Fulltime Killer" (en japonais dans le texte). Tok, lui,
est un exhibitionniste du crime, un showman de la mort. Hong Kongais spécialiste
du tir et fan de cinéma d'action, Tok ne supporte pas d'être dans
l'ombre de O, qu'il admire autant qu'il déteste. Son objectif est simple
: devenir ami avec O avant de le tuer, et ainsi devenir le N°1 Killer.
Fulltime
Killer fait partie de ces films résolument asiatiques qui font du bien.
Tous les ingrédients sont réunis pour que le film soit bon... et
il l'est. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Fulltime Killer,
film bourrin devant l'éternel, nous place devant une réalité
purement humaine : l'amour est une putain de force. Car si l'acquisition souhaitée
par Tok du titre de n°1 des assassins sert de base à l'histoire, il
semble bien que le fond porte bel et bien sur l'amour. La jolie " Chin
" interprétée par Kelly Lin, est une petite Taiwanaise qui
manque d'exotisme et de piment dans sa vie. C'est alors que le "hasard"
l'amène a rencontré successivement O, chez lequel elle fait le ménage,
et Tok, qui la séduit en vue de pénétrer l'intimité
de O. O est d'ailleurs amoureux de Chin, qui lui rappelle Nancy dont on ne vous
dira rien. Raconté comme ça, ça ressemble au résumé
du dernier épisode des feux de l'amour, mais je vous assure qu'en pratique
il n'en est rien, et que le tout est vraiment fin dans le film, heureusement!
Il est
difficile d'essayer d'expliquer ce qu'est Fulltime killer sans vous en révéler
les points cruciaux, toute l'histoire (début, fin comme milieu) étant
imbriquée et ne pouvant s'extraire de manière logique. C'est pourquoi
je vais désormais vous décrire les deux scènes d'ouverture,
à mourir : Intro à O : gare de KL (Malaisie). O, main dans les
poches s'apprête à exécuter l'un de ses contrats. Imprévu,
un de ses copains de collège le reconnaît. Faignant ne pas le comprendre,
il s'en va exécuter d'une main de maître son " client ",
et, lentement, tranquillement, dans son mouvement de repli, loge plusieurs balles
dans le corps de son " copain ", qui venait de l'informer de la naissance
prochaine de son cinquième enfant. OUCH! Mais comme dirait le manager de
O : " Dans ce métier, on est parfois amené à tuer des
gens que l'on connaît ". Intro à Tok : Un commissariat en
Thaïlande. Tok arrive à moto, un gigantesque bouquet de fleurs à
la main. A l'intérieur du bouquet, un magnifique fusil à pompe.
Il liquide méthodiquement, mais en faisant son show tous les flics qui
se mettent sur son passage. Puis, arrivé devant la cellule de son contrat,
il jette une trentaine de grenades non dégoupillées, puis, après
deux secondes d'un large sourire, envoie parmi ces trente congénères
une grenade supplémentaire, dégoupillée bien sûr. Alors
là forcément, on explose de bonheur. Quand vous savez qu'il
s'agit là des 5 premières minutes du film, vous imaginez ce qui
peut arriver ensuite... Autre
aspect " amusant ", de nombreuses références au cinéma
et au jeu vidéo. Tok (et Johnnie To :-)) est passionné de cinéma
d'action, et s'en inspire donc ouvertement. Les références sont
ou non explicites, mais systématiquement remarquables : l'utilisation des
masques de Point Break, des musiques classiques lors d'un décervelage à
la Orange Mécanique, des allusions à Crying Freeman, au jeu vidéo
Metal Slug lors du duel final complètement déjanté, plusieurs
scènes de Sniper à la Counter-Strike (déjà bien présentes
dans THE MISSION)... Petit détail amusant, Andy Lau se fait littéralement
massacré pour avoir soumis une "devinette" en référence
à un film avec Alain Delon (Le Samouraï de Melville ?) et avoir malencontreusement,
il est vrai, planté un couteau dans la main de son interlocuteur. Parmi
ces nombreuses références (parodies), l'ombre du "The Killer"
de John Woo plane littéralement sur tout le film... Que
dire de plus de ce bonheur? Et bien qu'il est vraiment bien réalisé,
avec des scènes dynamiques, un montage précis et jamais abusif (parfois
à peine assez, mais on n'est pas non plus dans Versus ;-) ) avec un Johnnie
Toe bien en forme derrière sa caméra. Egalement bien sonorisé
: on remarquera d'ailleurs que dans toutes les scènes de gunfight les bruits
des balles sont mis en sourdine, ce qui ajoute à l'aspect quelque peu idyllique
/ romanesque de la chose. Bien sûr, à cela s'ajoute l'enquête
policière (pour retrouver aussi bien O que Tok), avec l'exceptionnel Simon
Yam (dans le rôle de l'inspecteur Lee) qu'il interprète avec un talent
fou, et la très très jolie Gigi alias Cherrie Ying, qui a une carotide
sensationnelle. Le casting est une pure réussite, sans fausse note à
mon goût. On ne présente plus Andy Lau, l'homme orchestre Hong Kongais,
ultra connu en Chine et au-delà pour sa carrière de chanteur, acteur,
producteur, j'en passe. Je vous invite d'ailleurs à consulter son site
internet très joli et complet. Takashi Sorimachi interprète
magnifiquement O, le n°1 Killer qui souhaite se consacrer désormais
à Chin. A mon avis, ce casting est proche de la perfection. Pour
finir (j'ai envie de vous en dire beaucoup plus, mais je ne respecterais pas ceux
d'entre vous qui n'ont pas encore vu le film) deux petites citations extraite
des propos de Tok: " You don't deserve n°1 title " ; "
Even a bad movie can have a good trailer " |