Infernal
Affairs, une entrée dans un Enfer
Continuel
Un
chemin sans bornes.
Infernal
Affairs nous conte le destin de deux "taupes" :
un flic, Yan (Tony Leung), espionnant les Triades dirigées
par Sam (Eric Tsang) et un mafieux, Ming (Andy Lau),
infiltré dans la Police où linspecteur
Wong (Anthony Wong) officie; Wong, boss et seul contact
de Yan. Des infiltrations parallèles en quelque
sorte, mais surtout une traque pour débusquer
la taupe de lautre camp
une chasse qui,
pour nous, sannoncera des plus fatales mais des
plus excitantes aussi...
Précisons-le tout de suite le sujet nest
pas vraiment neuf ; le film nous renvoie à
Hard Boiled (enrichi dun clin dil
dans une scène du film), City on Fire,
To live & die in Tsimshatsui et même
Face/Off (par lambivalence des héros).
Cependant, même si, ici, nous avons affaire à
un scénario solide (lintrigue recèle
de certaines trouvailles vraiment irrésistibles),
la force du film nest pas dans son concept mais
dans ses personnages. Tout en protégeant leurs
apparences, Yan et Ming sont constamment sur le fil
du rasoir. Yan ne supporte plus son "masque" ;
sa situation séternisant, il continue à
sombrer et finit par perdre toute estime de lui-même.
Sa rédemption nest presque plus possible.
Ming, quant à lui, connaît le chemin inverse,
étant un flic respecté, il sévertue
à conserver sa place coûte que coûte...
Adversaires, mais partagés entre une quête
identitaire et leur devoir (propre à chacun des
deux), ils nen sont pas moins semblables. Cherchant
à saffranchir, ils souhaitent plus que
tout trouver une liberté, une paix intérieure,
une vie sans mensonge. Deux êtres qui se croisent
et qui finiront par se confronter... une interaction
affectant non seulement leurs destins respectifs mais
aussi celui dautres personnages.
...
même sur les chemins du bien et du mal, seul le
plus fort lemporte...
Cercles de lEnfer
1991,
1995, 1997, cest sur six années, et sur
ces trois dates précises que se déroule
laction dInfernal Affairs II.
La logique mercantile propre au cinéma hong kongais
pouvait laisser penser que les deux autres films ne
reproduiraient que des ersatz inodores de loriginal.
Que nenni ! Nous sommes en présence dune
véritable saga qui donne réellement à
penser que les trois films ont été écrits
sur la base dun seul et même scénario.
Nous voilà face au passé des personnages,
et cette préquelle nous dévoile en fait
une mise en place de lEnfer à venir...
1991, le superintendant Wong traque inlassablement les
Triades dirigées par la Famille Ngai, en entretenant
une relation "presque" amicale avec Sam qui
nest encore quun lieutenant mafieux. Ming
(Edison Chen), quant à lui, est un protégé
de Mary (Carina Lau), lépouse de Sam. Arrive
le jeune Yan (Shawn Yu), jeune brillant cadet de lacadémie
de police, rejeté de là-bas à cause
dun lien de famille encombrant pour lui-même...
Mais le monde souterrain des Triades est en alerte,
le Parrain local vient dêtre assassiné,
le fils aîné Ngai, Hau (Francis Ng) prend
en main les affaires de la "Famille"...
Peut-on modifier à tout moment sa ligne de vie ?
Quelles sont les limites à ne pas franchir pour
ne pas perdre son identité ? Quels sont
les chemins que prendront nos personnages pour les retrouver
tels quils nous apparaîtront dans le premier
chapitre ? Cest ce que nous promet I.A2
en nous dévoilant certaines zones dombres.
Sappuyant sur un excellent scénario, le
film se construit comme un opéra en trois actes
(chaque acte correspondant à une des trois années
précitées). Avec un arrière-fond
historique (1997 : la rétrocession de HK
à la Chine), les personnages seront amenés
à évoluer jusquà lannée
2001, année de point de non retour pour certains
dentre eux...
Lintroduction de nouveaux venus (Francis Ng impressionnant
de calme et de contrôle, Carina Lau qui apporte
une maturité et une force à Mary), la
façon dont les conflits et situations définissent
les personnages sont exceptionnelles, la structure dramatique
"mafieuse"d I.A2 est au top,
sa technique, sa réalisation toujours soignée.
Dans ces conditions, cette préquelle ne pouvait
être que couronnée de succès...
Bref, on mijote les personnages tels que nous les verrons
dans I.A1, et après vision du 2, on reconsidère
le premier (déjà excellent je le répète !).
Damnation.
Pas
facile daborder I.A3 sans faire référence
aux issues dI.A1, le scénario se
plaçant entre le début et la fin du premier
épisode. Et là surprise, cet ultime chapitre
se présente plus psychologique que policier.
Des nouveaux acteurs (Leon Lai, Chen Dao Ming) apparaissent
et réussissent à simposer. Ils renouvellent
les sous intrigues, cependant ce nest pas ce qui
importe vraiment dans I.A3, le film se plaçant
à un autre niveau de lecture.
Sous le coup dune enquête interne, Ming
est assigné à des tâches de peu
dimportance. Attendant de réintégrer
sa place au sein de sa division, il assiste à
larrivée dun nouveau jeune chef policier
Yeung (Leon Lai). Ming découvre un homme froid,
calculateur, et un rapport le liant à un ancien
"associé commercial"de Sam, Shen (Chen
Dao Ming). Soupçonnant Yeung dêtre
une taupe, Ming, désireux de retrouver son honneur,
sefforcera de le piéger, tout en protégeant
son identité et son propre passé
Yan connaît de multiples déboires, contraint
de sombrer dans la violence afin de gagner la confiance
de Sam. Wong prenant conscience de perdre le contrôle
de son protégé, lui impose, par décision
de justice, de consulter une psychologue (Kelly Chen).
Ils voulaient refaire leur vie, la fin du film conclura
la fin de cet Enfer. Le film se voulant plus sombre
atteint cet objectif. Naviguant entre passé et
présent, on peut reprocher une trame confuse
(on peut décrocher aux premières minutes...
gare), mais sans forcer les traits, ces allers-retours
servent bien aux personnages, nous les dévoilant
davantage, explorant des facettes encore inexplorées
sans alourdir le métrage et prouvant encore si
besoin est, la cohérence de la saga. Une saga
qui se renouvelle à nouveau ici et senrichit.
Ce troisième chapitre offre, tout comme les précédents,
une atmosphère envoûtante où règne
une tension constante, mais dans une thématique
originale, celui de la psychanalyse. Un exploit à
rendre aux acteurs, aux scénaristes et réalisateurs.
Justement, ces réalisateurs (Andrew Lau &
Alan Mak) accompagnent leurs acteurs avec une mise en
scène discrète et efficace. Pas de grosses
scènes daction (dailleurs les trois
films en sont plutôt avares) mais une violence
sèche et percutante. Une photographie exemplaire,
totalement appropriée (aux couleurs froides et
sombres des Triades soppose un Hong Kong au quotidien
lumineux et austère). Une musique des plus adéquates.
Un scénario excitant qui va au bout de sa logique.
Des ambivalences intéressantes finalement pas
si opposées : la loyauté, lhonneur,
la traîtrise, la rédemption, le pardon
voilà tout ce dont traite Infernal Affairs.
La place du Bien et du Mal ? Peut-on se racheter
aux yeux des autres et de soi-même ?
Quelle place pour le repentir ? Peut-on se laver
du mal que lon a fait ? A vous de découvrir
les réponses dans ces trois films.
Terminons par la distribution qui donne aux films la
puissance : acteurs absolument tous parfaits (sans
tous les citer, tout ou presque a déjà
été dit sur eux !!), une synergie
fabuleuse réunissant le meilleur techniquement
et artistiquement.
Voir la trilogie comme un seul film ? Absolument.
Ensemble ils forment une unité intelligente,
Nous démontrant que le cinéma de HK peut
toujours nous en mettre plein la vue, et conserve sa
vivacité cinématographique qui lui est
propre. Infernal Affairs, une trilogie qui fera
date dans le cinéma de Hong-Kong. A voir de toute
urgence avant le remake officiel afin de vous faire
votre propre idée.
If I have a choice, I wish to be a good person.
Ming
N.B.
: Le premier épisode de la trilogie infernale devrait débouler
sur nos grands écrans le 1er septembre 2004 grâce
à TFM distribution et un remake américain
est actuellement en cours de pré-production.
Produit
par Brad Pitt, avec Andrew Law Wai-Keung portant
la casquette de consultant sur le scénario, c'est
Martin Scorcesse qui en assurerai la réalisation.
Changement notable, le film prendrait lieu et place
entre la police et la mafia irlandaise et il est dit
que que l'intrigue serait plus simple tout en étant
plus intense... (sic!)
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