Voir
aussi : -livre complètement barge -écrivain au cerveau
malade -le bonheur au fil des pages La première règle
de cet article est "Ne pas raconter l'histoire de Choke", la seconde
règle de cet article est "NE PAS raconter l'histoire de Choke !".
De toute façon, se lancer dans un résumé d'un livre de Chuck
Palahniuk (on prononce "paul-ah-nik") est un rendez-vous direct avec
un mur en béton à 200 Km/h... En
1996, Palahniuk sort son premier livre sans faire trop de vagues... son bouquin
étant catalogué "roman noir" et donc superbement ignoré
par nos amis critiques... il faudra attendre que David Fincher magnifie l'écriture
de Palahniuk avec l'adaptation cinématographique de "Fight Club"
pour que ce maître du chaos sorte enfin de l'ombre. Dès
son premier livre, Palahniuk marque son lecteur au fer rouge : un style complètement
déstabilisant qui peut se résumer pour le lecteur moyen à
ceci... il est nécessaire de lire les trois ou quatre premières
pages de chaque début de chapitre avant de comprendre de quoi parle vraiment
le personnage... et lorsque l'on comprend finalement où veut en venir Palahniuk...
on se dit "Mais il est taré ce type !" Les choses sont
claires... on a affaire à un écrivain complètement barge
qui détruit complètement la structure narrative de son bouquin.
Son style navigue entre humour noir de noir, un regard déprimant sur l'humanité
("Un Houellebecq marrant" n'est pas forcément la comparaison
qui convienne, mais c'est la première qui vient à l'esprit) et des
personnages complètement paumés à la recherche d'un dieu,
d'une mère, d'une femme, d'un sens à leur vie... Avec
"Survivor", son second livre, Palahniuk continue de défricher
(déchiffrer ?) le malaise de notre société, le nihilisme
prôné par la société de consommation, le culte du corps
(du christ ?) à travers une narration complètement explosée,
menée à un rythme d'enfer, le tout pimenté par un cynisme
ravageur et un humour complètement décomplexé... bref le
lecteur passe du malaise, à l'incompréhension en passant par le
fou rire en quelques secondes... du grand art tout simplement... Et donc
"Choke" N'EST PAS une déception... ceux qui aiment Chuck Palahniuk
seront aux anges tant on est heureux de retrouver ce style dévastateur,
cette bouffée d'air frais narrative tout en creusant encore plus les obsessions
du monsieur : La femme aimée/la mère comme élément
de chaos, la figure christique, la schizophrénie, le double, la transmission
du mal, le suicide... Pour les petits nouveaux, préparez-vous
à entrer dans un univers hallucinant fait de sexooliques (drogués
du sexe), de terroristes de pacotille, d'étouffements alimentaires volontaires
et intempestifs (des EAVI), de collectionneurs de cailloux, d'arnaqueurs masochistes...
De plus, afin de ne pas tâcher votre livre au fil des pages, munissez-vous
de votre mouchoir afin d'essuyer tout votre "jus d'yeux"... "Mort
de rire à chaque page" n'est pas forcément l'expression qui
convienne, mais c'est la première qui vient à l'esprit...
En bref et pour paraphraser ce que l'on aurait pu dire à l'époque
de "Fight club" et de "Survivor", Palahniuk apparaît
avec "Choke" comme étant l'un des auteurs majeurs de notre époque
dans sa capacité à traiter notre société à
travers tous ses... travers... justement. |