"
Il est âgé de plus de deux milles ans. Il sent la transpiration à
plein nez. Il a les cheveux gras coupés ras. Est imberbe. Il est gros.
Rougeaud. Il boit deux litres de café par jour. Il veut qu'on le vouvoie.
Il croit en Dieu. Son Père. On l'appelle monsieur Jésus. C'est son
vrai nom. " Marie
Saint-Aubin est une jeune fille de 14 ans. Abigaïl, sa meilleure amie, vient
juste d'avoir ses règles, ce qui signifie que dans 7 jours, Marie aura
les siennes. Le compte à rebours a commence, il lui reste 7 jours avant
de se suicider. Marie
Saint-Aubin est une jeune fille de 14 ans comme les autres (:-)), dont la vie
est partagée entre désir de seins plus gros, baise, drogue... Ses
ami(e)s l'appelle Mical, du nom de sa drogue favorite. Serveuse en restauration
rapide aux patrons plus que tyranniques [" C'est ce jour-là que j'ai
appris le secret de leurs boulettes de viande. Et de leur pomme de tire que les
enfants aiment tant. Le sirop qui enrobe la pomme, c'est le sang des employés
additionné de sucre "], Marie en a assez de sa vie foireuse et solitaire,
où elle n'est ni comprise ni ne comprend. Son contexte familial tout d'abord
: Son père est un maniaque de la propreté. Il a depuis toujours
installé un pédiluve plein de produits de sa composition pour que
tout les membres de la maison se désinfectent les pieds en rentrant. Résultats,
les ongles de pied de Marie n'ont jamais poussés. Pour prendre son pied,
son père se masturbe en regardant " Les insectes, ces pervers "
dans lequel divers insectes s'accouplent en gros plan avec le son amplifié
1000 fois ! Sa mère est une allumée de première. Elle
vend des produits de beauté naturelle avec tant de talent que sa seule
cliente est sa fille. Elle ne supporte pas son fils, Samuel, le frère de
Marie, qu'elle trouve " efféminé " et " si ça
continue comme ça, j'ai peur qu'il ne devienne une grosse tapette sale
qui va aller vivre dans la grande ville pour faire des parades ". Et
tout l'univers de Marie est ainsi... son petit copain qui, premier de la classe,
meilleur en sport... ne rêve que d'être réalisateur de film
porno et fait d'ailleurs des films avec une copine de Marie ; Abigaïl, la
meilleure amie de Marie, aux proportions parfaites... Mais
revenons au commentaire. Les 250 pages environ de ce livre s'avalent véritablement
en quelques heures. Il est de la race de ces livres voleurs de temps, qui nous
font lever le nez uniquement à la dernière page, et QUELLE DERNIERE
PAGE! En effet, la fin du livre est interactive. On peut choisir la fin à
notre convenance, et avec une grande finesse. Si nous devions faire un parallèle
avec le cinéma, ce serait un mélange entre Albert Dupontel, Greg
Araki et Michael Aneke (pour Funny Games). Tout ce livre est rempli de sexe, de
drogue, de débilités, de non-sens, de vide, de tout ce qui fait
qu'on ne reste pas insensible à une oeuvre contemporaine, en en rajoutant
un peu parfois, mais c'est tellement bon! de plus, Maxime Roussy a une véritable
facilité d'écriture qui tout à la fois légère,
précise et très rythmée nous transporte dans l'histoire.
Attention, quelques notions de québécois peuvent néanmoins
s'avérer utiles! Petite
anecdote intéressante, pour la promotion de son livre, Maxime Roussy avait
envoyé à un hebdomadaire québécois une lettre signée
M. St-A., une lettre pleine de désespoir, qui a tellement émue le
chroniqueur en charge, que ce dernier s'est efforcé de redonner goût
à la vie à cette jeune fille par le biais d'un très long
article. Le coup monté marketing a été une véritable
réussite ! Laissons
le mot de la fin à Marie, pleine de son cynisme et de sa joie de vivre
communicative : " Son frère n'a pas une vie facile. Il a un handicap
que je ne souhaiterais à personne. Pas même à ma meilleure
amie. Il lui manque une jambe. Les statistiques du taux de natalité indiquaient
0,93 enfant par couple le jour de sa naissance. "
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