Voilà,
ça y est, c'est terminé, depuis le temps qu'on l'attendait celui-là
La troisième édition du Primavera Sound fait désormais parti
des souvenirs. Ce fut intense, ensoleillé, enfumé, fleuri, mouillé,
bondé et bien fatigant
Malgré une programmation qui s'annonçait
des plus éclectiques, le festival reste cependant bien ancré dans
le stéréotype guitares-basses-voix-batteries. Un bon vieux festival
de rock avec ses ramifications electro ici et là. Allez c'est parti,
je vous raconte tout, comme si vous y étiez... Version Carlotta.
Intro
: échauffement pré-festival
Jeudi
22 mai. Une fête de présentation scindée en deux groupes.
D'un côté, là-haut, tout là-haut, les mystiques God
Speed You! Black Emperor qui apparemment ont ensorcelé l'auditoire
avec leurs guitares violonneuses. Et là-bas, tout en bas, dans l'incontournable
Ballroom Dancing Apolo, l'ambiance UKgarage-popopo-football club a battu son plein
avec les rigolos The Streets. Un exercice de style à coup de brandy
et accent cockney. Le public généralement poppy de l'Apolo s'est
alors retrouvé truffé de chemises de foot toutes bleues estampillées
Beckham. Une British-Urban-Flavour en plein cur de Barcelona. Exotique,
funny. Mais rien de plus de profond, c'est sympa pour se mettre en jambe,
mas vite vite il faut aller se coucher demain j'ai Feria Discografica. Primavera
(I) - Course de Concerts.
12h00. No Man's feria del disco. Le
festival ouvre ses premières portes au Mercat dels Flors. C'est la Feria
Discografica, le Sound Track Film Festival (avec Tupac et Warp en BO for example),
plus quelques concerts
Avachis derrière notre stand electro / punk
/ experimentalo-digitalshit / émotionellement IDM, on se rend vite compte
que notre label Nosordo ne va pas se faire des " ufs " en or.
Les quelques badauds qui traînent ne font que vagabonder de stands en stands.
Et c'est bel et bien d'un public majoritairement, pour ne pas dire exclusivement
rock-pop-electropop-neopop-postrock qu'il s'agit. Quelques allures urbaines ici
et là, des jupettes à la Happy Days à fond les ballons, des
frangettes jarvis cockeriennes à n'en plus pouvoir. C'est pas grave, on
prend le soleil, on fait des collages et on s'tape la causette avec nos voisins
de stands.
19h00: Festival en fleurs. L'action n'est décidément
par au Marché des Fleurs mais bel et bien au verdoyant Poble Espanyol.
D'un seul coup, on se demande si on a pas été télé-transporté
dans le sud de la douce France. Ça parle frenchy-toulousaing partout
partout. La musique fait voyager des foules entières. Motivées mooo-tivées!
Après une queue super bien agencée avec prises d'empreintes digitales
et tout et tout, on passe à l'attaque, aujourd'hui on va se faire une orgie
de concerts, on veut tout TOUT faire. C'est parti.
19h30:
Repérage vite fait bien fait. Thalia
Zadek sur la scène RockDeLux (la revue musicale qui tue Made In Spain).
Une guitare mélancolique, une voix super masculine. Sympa pour l'apéro.
I Am Kloot. Spanish Rock sur la scène Nitsa-Apolo. On rentre, on
sort, comme ça on peut dire qu'on a vu I Am kloot en concert. Retour à
la scène RockDeLux avec le très renommé Nacho Vegas,
un genre de Léonard Cohen à l'espagnole. Sympa pour l'apéro...
21h00:
Tokyo Sex Destruction Vs Go_Betweens Après
avoir déambulé à droite et à gauche sans grand résultat
(ne soyons pas trop pressés, laissons monter la sauce en nous
), le
premier feeling musical m'est entré en voyant Tokyo Sex Destruction,
un groupe de catalans incendiaires inévitablement influencés par
les Who et autres Black Panthers. Jeu de scène dégingandé,
guitares amphétaminiques, allures de collégiens Beatles
ça
marche toujours aussi bien. Le son garage-rock-punk n'est pas vraiment mort. Mais
ça
sent tout de même le réchauffé
<Alors
voilà. Ma première interrogation surgit: Qu'est-ce qu'il se passe
avec le rock? On dirait que ça piétine
>
On
bouge et on se dirige vers les anthologiques Go-Betweens qui ont fait leur
come back il y a quelques années. Le public, est bien là, fidèle,
ému, souriant. Plusieurs générations réunies. C'est
rock n'roll, ça connaît les chansons par cur, ça a les
yeux qui brillent. Comme c'est beau cette communion musicale! Les Go_Betweens
font partie de ceux qui ont pris le train du Rock lorsqu'il était encore
bien planté en gare, les Tokyo Sex l'ont choppé alors qu'il était
en marche depuis déjà trop longtemps
Donc respect aux Go-Betweens
pour leur roots attitude...
<Conclusion Nº1: On fait pas
du neuf avec du vieux
>
22h30 Yo NO la tengo De
retour à la scène principale Nitsa-Apolo, une sorte d'arène
médiévale encerclée de maisonnettes de briques en carton
(j'adore le kitsch espagnol
). On se pose dans le fond, en hauteur, callé
sur des marches. Joli panorama. Le son est un peu trop lointain. Yo La Tengo
est attendu avec impatience. Pour l'instant, c'est Arab Strap et ses mélodies
mélancoliquement violonneuses. Je me perds à observer la foule qui
déambule autour de nous. Ça monte, ça descend, ça
rigole, ça sourit, ça trinque, ça brouhaha. A ma droite :
une vue plongeante sur la foule, la scène et le soleil couchant. A ma gauche
: le stand à saucisses en pleine action, du graillon, de l'huile, de la
vache folle (oups! ça m'a échappé!). Festivals je vous aime.
Yo La Tengo commence. J'avoue que je suis trop loin pour me faire pénétrer
par cette musique qui m'est encore assez inconnue. Trop profane en matière
de musique à guitare, quel honte
Serais-je donc incapable d'apprécier
cette musique à sa juste valeur ? Mon oreille musicale serait-elle trop
électronique? On se rapproche de la scène pour ensuite bifurquer
vers la scène Nasti. C'est seulement à ce moment, que les mélodies
aériennes de Yo La Tengo commencent à m'atteindre. Dommage, ce sera
pour une prochaine fois. Apparemment, le concert fut muy muy bonito.
<Conclusion
Nº2: dans les festivals on peut pas toujours apprécier la musique
à sa juste valeur>
00h00 Gold Chains es-tu là? La
scène Nasti est une boite en forme de Discothèque. D'ailleurs, durant
l'hiver cette boîte s'appelle Discothèque et accueille tout ce qui
ressemble à Bob Sinclair ou Roger Sanchez (BEURKKKKK !!!! ndlr). Les problèmes
commencent. Les grandes portes de bois sont fermées. On se retrouve très
vite écrabouillé comme des sardines dans le petit patio. Problèmes
de son, d'arrangements sonores. Il faudra attendre une heure pour le show de Gold
Chains. Shit! Ça va dérégler notre programme tout
ça ! Tant pis. On continue, direction Teenage Fan Club. Ambiance
teenage-poppy assurée sur la grande scène Nitsa-Apolo. Les têtes
balancent allègrement de droite à gauche façon Corner Shop.
Je n'ai malheureusement pas eu la chance d'avoir été bercée
par cette musique d'ados. Une fois de plus hors du coup, ça craint non?
01h00:
PicnicBreak Deux morceaux et ça suffit. On part faire une pose au
coin PicNic. Le petit coin relax du festival. On se croirait sur une terrasse
provençale. Graviers, arbres touffus, parasols, chaises en plastique et
vue imprenable sur Barcelone. Les deux DJ Locaux Pol et Vicknoise
nous envoûtent avec leurs vibrations Boards of Canadiennes. C'est bien cela
qui commence à me manquer, des sons plus abstraits et électroniques
à l'image de notre époque. Julian Cope à l'air ennuyeux
à mourir, Tocotronic semble bien trop mélancolique pour une
heure si tardive. Console et leur allure de Playmobil germaniques m'ont
l'air bien sympathiques, mais la scène CD Drome est incroyablement bondée
Désolée, no puedo.
01h45: Gold Chains? Qué pasa? On
refait une tentative vers le Nasti-Discothèque. Trop de monde qui fourmillent
dans toutes ces ruelles étroites. La porte est enfin ouverte, mais on rentre
au compte-gouttes. Patience, patience
Ça y est, on y est. Apparemment,
le son c'est toujours pas ça. Après de multiples bidouillages de
câbles et micros. Le show semble commencer. Ça part en flèche
et retombe aussi sec. Il va encore falloir faire un sound check. Y-en a marre.
C'est quoi c'bordel euhhhh!!! Tant pis. On se casse. On a encore du pain sur la
planche.
<Conclusion nº3: dans un festival, et comme dans
la vie en général, il parfois faut juste se laisser porter et pas
avoir trop d'espérances, sinon après on est déçu
>
02h00
: PopopoPOooo!!! Def Jux est dans la place. Bien
qu'assez excentrée la scène RockDeLux s'avère être
la scène la plus outsider du festival. Une immense tente en plastique
blanc, un sol en bois vibrant, pas trop de monde. Belle and Sebastian agissent
sur la mainstream stage. Mais ici, c'est du old-skool-noskool-hopcore qui nous
attend. Rjd2 commence à coup de scratch bien funky, Mr Lif
déboule à donf avec ses dreadlocks en forme de poulpe. Excellent.
Goood vibes. C'est au tour de Mister El-p de prendre le mic. Deux bombes
d'énergies qui font un gros pied de nez aux stéréotypes H.I.P-H.O.P.
Leurs morceaux les plus hard-cores font fureur. Hip-rock progressif ? Les deux
rappers sont en pleine symbiose et ça l'fait. Yoyo-yo! Les beats binaires
et rebondissants de monsieur Deadringer font leur effet break-dance-floor. Enfin
un concert de hip hop qui ne finit pas en règlement de compte. Le public
est on ne peut plus éclectique. Les plus ferrus de hip hop sont bien là
eux aussi, c'est bon signe. Enfin un genre musical qui en réunit plusieurs
à la fois. Il est vrai, Def Jux, nous propose un nouveau langage du hip-hop.
Mais ceci n'est que la pointe d'un énooorme iceberg qui n'est pas encore
arrivé jusqu'à nos oreilles
Je m'égare. Bref. Oui oui
Def Jux ça dépote bien, leurs chorégraphies caricaturales
nous font évidemment penser aux funny Beastie. Mais c'est dommage à
la fin ça part un peu trop dans le cliché. Du style on lève
les bras bien hauts : "Barcelona is in The house? - Yeaaaah!!! FUCK Bush"
Vous voyez l'genre? Une fois le concert terminé, Mr. Lif se met à
marchander ses CDs sur le stage comme si on était au marché de Saint
Ouen. Simple et funky? En tout cas on aura bien swingué. Et c'est ça
l'important.
<Conclusion nº4: Les festivals c'est quand même
fait avant tout pour se défouler>
04h00:Psychédélic
Soul Vient
ensuite le projet ambitieux de Christain Vogel et compagnie. Super_Collider.
Ils sont au moins six sur scène à bidouiller leurs machines, synthés,
micros et autres guitares. That's the mix!. Le chanteur nous lâche de la
Soul à l'état pur, le tout chargé de sons abstraits et psychédéliques.
Les visuels orangés sont tout aussi psychédéliques et nous
transportent dans une étrange et chaleureuse atmosphère. Pas mal
du tout. Un projet qui à de l'avenir vu le bagage musical du señor
Vogel. Malheureusement, mes oreilles commencent à fatiguer
Dernier
essai rapide vers la fameuse Discothèque histoire de voir si on peut chopper
quelques tracks de Dexter, le dj de Avalanches. Ambiance clubbing à
fond. C'est en fait Dj's are not Rock Stars qui démènent
à coup d'electroclash. On danse un p'tit coup et on repart direction
05h00:
2 Many dj's en trance. On
s'assoit tranquillement dans l'herbe et même depuis l'extérieur de
la tente on perçoit bien les vibrations de la scène. Le rock se
retrouve perverti par les platines des 2Many dj's. Le public est en transe.
Le bastard-pop de ces deux belges fonctionne décidément très
bien. Ils nous montrent qu'avec des vieux vynils et des effets à deux francs
(style des furtifs claquages de mains à la daddy cool) on peut vraiment
retourner le dance-floor. On se prend très très vite au jeu. Ça
va de The Cult remasterisé techno à Daft Punk et Vitalic, sans oublier
les versions freaky de Joe Le Taxi et Be your Dog. Ça marche
décidément très très bien. Impossible de décoller.
"Qu'est ce qu'ils vont bien oser nous mettre après ce morceau là?"
C'est une sauce qui peut vite lasser, mais c'est quand même incontournable.
Viva les 2Many Dj's et vive les belges, y-a pas à dire, ils assurent ces
gaillards!
<Conclusion Nº6: y-en a quand même qui arrivent
à faire du neuf avec du vieux, mais ce n'est qu'une grosse entourloupe!>
Bon
allez, il est temps d'aller faire dodo. On serait bien rester pour écouter
les bombardements bosniaques de Umek. Mais demain j'ai Feria del Disco.
La
suite des merveilleuses aventures de Charlotte au Primavera... >>>
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