Primavera
(II) Softer-Stronger-KILLERzz.
Après
une nuit assez courte, nous voici de retour à la case départ : le
fameux Mercat de las Flowers. Inutile de s'acharner, il n'y a quasiment personne,
à croire que ce sont toujours les trentes même personnes qui tournent
en rond de stand en stands. Aujourd'hui, on va se la faire plus soft. Squattage
de scène. Concerts en entier. Quantité Vs Qualité. Je dis
QUA-LI-TË. Principal objectif : le set de Mister Rupture...
20h30
: Television Bins. Nase. Nase. Nos breuvages énergisants ne font
déjà plus beaucoup d'effet. On se pose sur les escaliers de la fameuse
scène Nista-Apolo. Au programme : Television, Sonic Youth,
Mogwai. Television, est plutôt intéressant pour une non-rockeuse
comme moi. Le public est à fond, on commence à gratter énergiquement
sa guitare imaginaire, il paraît même qu'il y en a qui pleurent. Le
calumet de la Paix tourne timidement à droite à gauche, comme dans
le bon vieux temps. Les Television restent sobres et stoïques. Les guitares
nous sortent un son géométriqueme. Pas mal pas mal, ma jambe bouge
toute seule. Il commence à pleuvoir allègrement. Les moins prévoyants
s'improvisent un kway avec des sacs poubelles, fun fun.
<Conclusion
nº 7: un festival sans pluie, ni boue n'est pas un vrai festival>
22h45
: Jeunesses Soniques Sonic
Youth est près à surgir, et il suffit de voir les gens qui s'agglutinent
sur le devant de la scène pour comprendre. On se met en plein milieu histoire
de s'en prendre plein la tête. Bonne vibes du public qui est évidemment
un public de fan
Ceci va être ma première Sonic Youth Xperience,
et comme je vous l'ai dit je ne suis pas une rockeuse avertie
Une
heure plus tard... Ce groupe est véritablement dôté
d'un charisme ah-uri-ssant. En plus d'être à 200% dans leurs instruments
respectifs, une connection musicale impressionnante règne entre les membres.
J'ai rarement vu une symbiose aussi translucide. Ils nous surprennent par les
tournures inattendues que prennent leurs morceaux. Ces expérimentateurs
du son m'en bouchent un coin (koin-koin). Ça fait trente ans qu'ils sont
sur scène, et ils restent au top. Chapi-chapeau. Leur petits interludes
rigolos rompent avec l'apesanteur de leur performance. Guitares contre amplis,
batterie suraccélérée, Kim Gordon en flanelle blanche, basse
énorme, voix grinçante. Sonic youth. Transcendant, envoûtant.
Premier retournage de tripes. Enfin.
<Conclusion nº8 : parfois
ce sont les vieux qui savent le mieux faire du neuf>
Vite !
Vite ! Il pleut, il pleut ! Je décide de zapper Mogwai, et pars vite fait
vers la fameuse RockDelux. Au programme : DJ/Rupture, Roni Size,
Scratch Perverts.
00h30
: Sieste pré-apocaliptique. Les
super lents Future Bible Heroes me permettent de faire un p´tit somme avant
le déluge sonique. Les paroles donnent à peu près cela :
" I'm looonely and i looove it ! ". Super marrant. Entre temps
on m'a dit que Wire ont déchiré avec leurs guitares post-punk.
Certains m'ont même dit que c'était le live le plus énergique
du festival
01h45 First Rupture Experience. Voilà
- C'est. C'est fait. C'est décidé. DJ/ Rupture est mon dj
préféré du moment. Ce bostonien - barcelonais à
la sérénité exemplaire nous a explosé les oreilles
à coup de bpm suraccélérés. Une agressivité
apocaliptiquement orientale, marquée par des vibes afro-ragga-oldskool.
Un sample de Manu Chao qui part en breakcore, il faut tout de même l'oser.
On ne sait plus s'il faut sauter comme des acharnés ou se mettre à
faire de la danse du ventre ragga muffin. Je reprends vos mots les propagateurs,
c'est bel et bien d'une orgie de beats qu'il s'agit. Lenny Kravitz se retrouve
saboté en hardcore super core. C'est en tout cas la chose la plus innovatrice
et surprenante que j'ai entendu jusqu'à maintenant. Enfin un peu d'inspiration...
Il repousse tranquillement les limites du son avec un doigté à vous
couper le souffle, il fusionne les styles les plus métissés, les
passe au broyeur et ouvre de nouvelles portes au langage musicale. Ces bpm sont
incroyablement nombreux. Ça bombarde, ça mitraille, ça bourdonne,
et d'un seul coup
HIP ! Un sample oldschool. Ça bombarde, ça
mitraille, ça bourdonne, et HOP ! Un autre sample oldschool. Ce qui m'envoûte
chez Rupture, aka Jace Clayton, c'est cette faculté à mettre autant
de subtilité et de finesse dans un style aussi violent et destructeur que
le break-core. Rupture n'est que le premier d'une longue liste de vinilo-destroyer
regroupés sous l'escadron Broklin Beats. Un gang de bidouilleurs qui expérimentent
brutalement le mariage de la technologie et des vieilles platines disco-radio-k7.
Oui oui ça existe. Et c'est très dangereux, ça devient vite
une drogue. Bref, ça déchire, ceci n'est finalement que la transcription
musicale de tout ce bordel qui nous entoure et c'est ça qui est bon. Woo
!
<Conclusion nº 9: /Rupture et Sonic Youth m'ont apporté
ce que je cherchais. Satisfaction>
04h-05h-06h : Happy breakfloor. Mes
oreilles étant arrivées à satiété, je me suis
lentement laissée portée par les vibrations drum n'bass de Roni
Size qui nous a monté un set sans grande surprise. La crédibilité
de Roni Size n'est plus à mette en doute. Sa grosse voix déraillée
irrite au début, puis on s'habitue et on finit par trouver ça super
tonifiant. Drumn'bass, jungle, c'est toujours bien. Ces basses qui vous font groover
les hanches, il suffit d'être debout et on ne peut s'empêcher de plonger
dans le rythme. J'alterne entre mouvements saccadés et observation du public
désarticulé. Je préferais son style jazzy de New Forms mais
Roni Size reste Roni Size.
06h00
: Scccrrrratch Rincé,
défait, tué. La fatigue commence à se faire trop grande,
le cerveau continue à s'amuser, mais les jambes sont en train de lâcher
l'affaire. Saturé de sons, on reste un petit moment pour les scratch super
loopant des trois Scratch Perverts avec leurs gros chapeaux. Un public
super happy - funky - flower- power qui swingue sur du Dj Shadow ou du Beastie
Boys intergalactique. Muito bem. Les scratch de ces scratcheurs sont vraiment
super scratch - loopant. Waoua, ça scratche. En gros, Scracth Perverts
c'est du funky Scratch. J'aurais plutôt vu ça à l'heure de
l'apéro pour commencer sur les chapeaux de roue (c'est le cas de le dire
).
The
End : Ça y est c'est terminé ce festival tant attendu. Alors
que ça continue à bourriner sévère sur les autres
scènes, on rentre sous la pluie, des sons plein la tête, les poumons
calcinés, les jambes démolies. Malgré tout, on aura perdu
le duo kitsch des White Stripes, râté la montée spatiale
de Mogwai, loupé la haine dévastatrice des Kills,
zappé l'electro-porno-pop de Peaches et Ellen Allien. On
est pas des super héros, on pouvait quand même pas tout faire non
mais ! C'est l'heure du gros dodo et de bonifier ces souvenirs et ces anecdotes
en nous.
Ce feed back n'est peut être pas ce qu'il y a de plus pro
musicalement parlant. Une simple version parmi dix mille autres.
<Conclusion
finale : un festival c'est avant tout une expérience, un voyage, une aventure.
Mais rien de tel qu'un bon disc man pour savourer un son à l'état
pur>
Le Rock ne piétine pas
il a juste besoin d'un
petit coup de peps futuristifiant. L' electro ne piétine pas non plus
Elle
aurait juste besoin de se replonger un peu dans ses racines les plus roots et
rock n'roll
Bref vous m'avez compris n'est-ce pas ?
Vive les ruptures
de styles.
To be continued
avec le Sonar 2003 peut-être
??? |