A chaque fois que je démarre une session de photographie de nuit, une partie de moi a envie de rebrousser chemin pour retourner au chaud, le cul sur le canapé.
Cette partie de moi me souffle au sortir de la maison, juste avant d’enfourcher mon velib : Pas la peine d’y aller, tu n’auras pas l’inspiration. De toute façon toutes tes dernières photos se ressemblent… d’ailleurs tu fais toujours la même chose ! Tu vas rentrer bredouille en te rendant compte que tu n’as plus rien à raconter en photographie.
Passé les premiers coups de pédales, et au fur et à mesure que mon appartement s’éloigne, cette voix perd de sa force et de son agressivité… mais elle ne s’éteint jamais.
Alors quand tout d’un coup, je m’arrête devant une entrée de parking souterrain (Oh surprise), avec mon personnage ombre (Oh surprise) qui fait face à une porte désespérément close (Oh surprise), la voix repart de plus belle et ricane bêtement comme Marine Le Pen lors du débat du second tour des présidentielles.
Quand elle regarde cette photographie, cette partie de moi voit un photographe en charentaise, installé tranquillement dans sa zone de confort, effrayé à l’idée de regarder qu’il fait du surplace.
L’autre partie de moi (celle qui est en train d’écrire ces mots), plus positive (tout est relatif), voit quelqu’un qui lutte avec ses démons, ses images intérieures, et qui transforme ce combat en quelque chose avec la photographie. Il sait que le combat est perdu d’avance (Connais-toi toi-même dit la devise), mais si au moins quelque chose de « beau » en ressort, ce n’est peut-être pas complètement inutile.
…
Finalement, maintenant que je me relis, il y a beaucoup de choses à dire sur cette photographie.
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Série associée
Photographie inscrite dans la série de nuit urbaine : Don’t be afraid of the dark